🌎 Depuis 1498, les explorateurs se sont succédés pour tenter de cartographier le tracé de l'Orénoque, souvent bercés par le fantasme de découvrir et conquérir la mythique cité d'El Dorado.
🌎 Pour l'écrivain et artiste français Daniel Bourdon, cette exploration a également pris de nombreuses années, quoiqu'elle ait eu lieu à travers les livres exclusivement. Mais que l'on ne s'y trompe pas : une lecture en appelant dix autres, et un ouvrage en citant cent autres, il s'est retrouvé presque perdu, submergé sous l'ampleur du sujet. C'est pourtant un texte très bref, finalement, qu'il nous livre là ; une centaine de pages à peine qui, pour historiquement étayées qu'elles sont, n'en restent pas moins emplies de poésie, voire même de fantaisie.
🌎 La présentation chronologique des expéditions menées dans le bassin de l'Orénoque se double ici d'une réflexion tout à fait plaisante sur le pouvoir de la littérature en tant qu'outil de témoignage, mais aussi (et peut-être surtout) en tant que vectrice de rêves d'aventures. Alors que se brouille peu à peu la frontière entre réalité et fiction, le lecteur ou la lectrice se surprend à s'interroger sur la véracité de tous ces récits d'aventure dont regorgent les bibliothèques... et les librairies de voyage ! On progressera à travers les pages comme des conquistadors dans la jungle amazonienne : lentement, précautionneusement, et surtout armé·e·s ! Un coupe-papier suffira certes, mais sera nécessaire, les éditions Fata Morgana ayant fort judicieusement décidé d'imprimer au format non coupé cet ouvrage érudit et ludique à la fois, illustré de belles reproductions de cartes d'époques diverses.

🐥Doux comme la fourrure de ce petit lapin blanc que la jeune Roya décide un beau jour d'adopter. Il lui aura fallu plusieurs années avant de pouvoir accueillir un animal domestique dans sa maison. Car Roya n'est pas exactement comme les autres petites filles de son école : elle et sa famille ont fui leur pays, l'Afghanistan, il y a déjà longtemps. Quand Roya était encore presque un bébé, une éternité pour elle ! C'était il y a tellement longtemps qu'elle ne se souvient plus de ce long voyage qui les a conduit ici. Et personne chez elle ne semble avoir envie d'évoquer le passé.
🐥Alors, quand sa famille obtient enfin le droit de résider de façon permanente aux Pays-Bas, et de vivre dans une maison, Roya choisit Mischka comme petit compagnon à 4 pattes. Elle aime tellement son lapin qu'il devient vite son confident, celui à qui elle raconte ses journées d'écolière, ses relations avec ses trois grands frères, mais aussi celui à qui elle pose les questions qui l'habitent et auxquelles ni son papa, ni sa maman ne veulent répondre. Particulièrement celles qui concernent le long voyage jusqu'en Europe. Peu à peu, avec beaucoup de patience, Roya parvient à apprivoiser son lapin, mais aussi son histoire, recollant les morceaux manquants, lorsque les membres de sa famille se livrent doucement, les souvenirs émergeant au rythme de chacun, maintenant qu'ils sont en sécurité. Quand Mischka disparaît soudain, c'est toute la famille qui se lance à sa recherche, avec le soutient des voisins, des amis, révélant à tous•tes l'importance de la tolérance, de l'ouverture et de l'entraide, peu importe son origine.
🐥Un roman tout en délicatesse, rehaussé de magnifiques illustrations en couleurs, pour parler aux plus jeunes de l'exil, de l'amour qui unit une famille au-delà des épreuves, du pouvoir de guérison prodigué par les animaux. Dès 9 ans.

Australie, fin du XVIII ème siècle. Elisabeth Murray, une jeune Anglaise condamnée pour un délit mineur, a été envoyée dans une colonie pénitentiaire pour y purger une peine "à échéance de [sa] vie". Refusant de se résigner à ce destin, elle décide un jour de s'évader. Faussant compagnie à ses gardiens, elle part pour un voyage sans retour possible, tout fugitif ne revenant jamais "que pour monter sur le gibet".
🇦🇺 Elisabeth entame alors un périple au cœur du bush australien. Elle affronte son immensité, sa sécheresse, sa solitude. Elle doit apprendre à contrôler ses peurs, à faire confiance à son instinct. Jusqu'à ce que sa route croise celle d'une tribu aborigène. Leur chemin sera le sien désormais. Lentement, ils vont partager des repas, des danses, une langue peu à peu commune, des cérémonies. Elisabeth sera initiée à leurs histoires, leur géographie sacrée, et apprendra les secrets de leurs chasses. La vie de la tribu est rythmée par la marche, les joies, les rires des enfants, les instants simples du quotidien, mais aussi la maladie et les deuils, les lieront à jamais. Sans toutefois que ne meure l'envie d'Elisabeth de retourner en Angleterre, dont le souvenir se rappelle à elle lorsqu'elle aperçoit les navires qui croisent à l'horizon.
🇦🇺 L'écriture est portée par un souffle romanesque à la fois délicat et puissant, tant la force d'évocation de ce roman peu ordinaire est riche. Par petites touches, se tisse une atmosphère imperceptiblement moite, vénéneuse, presque occulte, qui finit par happer le lecteur. On se prend alors à se laisser emporter par l'odeur de l'océan, à ressentir les blessures du corps, à frissonner devant les dangers de cette nature inconnue mais aussi à s'émerveiller devant ses prodiges. On sort de cette incroyable lecture complètement bouleversé par le destin de ces civilisations autochtones broyées par les Occidentaux, avec en tête ce questionnement métaphysique sur l'usage du récit.

🐔 Une garantie à vie, c’est une garantie à vie ! Un point, c’est tout ! Pour Bethsabée, ce papier vaut promesse et la conduit à sauter dans son vieux combi Volkswagen, avec pour seul objectif de réparer sa tronçonneuse d’amour.
🐔 Raconté du point de vue d’Élise, jeune collégienne en quête d’aventures estivales, ce périple nous entraîne depuis le Jura où elle passe ses étés, en compagnie de son extravagante tante et de son chien Boulloche, jusqu’à Hämeenlinna en Finlande. Au programme : une enquête bricoleuse, des pannes à répétition, des situations cocasses, une histoire d’amour, toujours sous le regard impassible et tendre de notre jeune narratrice.
🐔 Ce roman au-delà-des thèmes du voyage et de l’aventure, aborde avec tendresse l’ouverture aux autres, au voyage et au monde. Il est également une invitation à l’acceptation de l’autre et de soi, telle que nous sommes. Un roman à destination des 9-13 ans.

🌳 Forêt de Białowieża, à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne : zone de frictions intenses, où l'Union européenne se terre derrière des barbelés érigés à travers bois. Nina a grandi ici, mais rêve d'ailleurs. Alma a grandi ailleurs, mais rêve d'ici. Véra, ici, est venue se terrer et trouver la quiétude que son métier de journaliste ne permet plus en Biélorussie.
🌳 Pour ces trois femmes, la vaste forêt primaire, l'une des dernières du Vieux Continent, se fait tour à tour nid protecteur et impitoyable piège, sombre repaire et lumineuse clairière, fenêtre de liberté et mur infranchissable. Sans avoir conscience de l'existence l'une de l'autre, Nina, Alma et Véra sont tendues vers le même rêve, la même aspiration : vivre et être heureuse, sans rien demander de plus à personne. Mais qui peut prétendre être maître·sse de sa destinée ?
🌳 Pour raconter ces parcours de vies meurtries, Caroline Hinault invente une langue profonde, organique, puissamment poétique, irriguée de références à la Divine Comédie. C'est splendide et terrible, engagé sans faire l'impasse sur l'intime. Pas un mot de trop dans ce roman qui, sans rien édulcorer, n'oublie pas que l'espoir, malgré tout, existe et persiste.