Avec ce 23e titre, la collection "Mondes sauvages" confirme son excellence !
🦇 Comme des ombres, les chauves-souris reviendront bientôt peupler nos nuits de printemps et d'été. Elles sont omniprésentes, avec des nichées parfois juste sous nos toits – et pourtant, que savons-nous d'elles ? Dotés d'une impressionnante intelligence collective, ces mammifères volants (les seuls, en fait) sont présents partout, sauf dans les climats polaires. De quoi faire vadrouiller pas mal les chiroptérologues comme Laurent Tillon, qui nous ouvre les portes de cet univers méconnu avec autant de pédagogie que de talent narratif, de la forêt de Tronçais à la Guyane, en passant par l'Australie et la Corse.
🦇 Parler des chauves-souris, c'est évoquer des forêts et des grottes, s'émerveiller des prouesses de l'écholocation, se plonger dans d'autres univers fascinants, par exemple celui des insectes et des plantes. C'est aussi s'intéresser aux protocoles mis en place par les biologistes pour étudier cette faune fantomatique, s'interroger sur les diverses répercussions du changement climatique, tenter de comprendre les modalités de propagation des virus. Un seul animal, donc, mais 1400 espèces différentes, et mille et un sujets connexes !
🦇 Voilà un livre tout bonnement passionnant, enrichi de croquis très précis et de QR-codes donnant accès à des vidéos et enregistrements. L'auteur a même écrit tout un chapitre en se mettant dans la tête d'une chauve-souris : un morceau d'anthologie qui, au-delà du sourire qu'il suscite, nous invite à considérer le vivant sur un pied d'égalité avec nous, humains souvent si arrogants.
🐔 Parfait dès 13-14 ans !
🤍 C'est un fait : certaines personnes ne peuvent ressentir aucune émotion, faute de développement normal de leur amygdale cérébrale. Yunjae a 15 ans et, depuis que son souci a été diagnostiqué, sa mère s'évertue à lui faire manger toutes sortes d'amandes, puisque l'amygdale atrophiée a la même forme. Qui sait ? Cela va peut-être l'aider à guérir.
🤍 Yunjae doit aussi et surtout apprendre, comme des tables de multiplication, à quoi correspondent sourires, yeux baissés et autres mouvements corporels : autant de codes qui trahissent les émotions des autres. Compliqué ! Quand son absence générale de réaction le fait passer pour un monstre aux yeux des personnes qui ne cherchent pas à le comprendre, ce narrateur ballotté par les événements nous touche immensément. Pas évident, pour lui, d'affronter un deuil ou le harcèlement scolaire, dans cette société coréenne qui n'est pas tendre. Quant aux tentatives d'amitié et aux premiers émois amoureux, ils ressembleront d'assez près... à un tsunami sur la planète Mars !
🤍 Ce roman étonnant, aux rebondissements parfois musclés, est mené avec une redoutable efficacité. Avec une remarquable justesse, il renvoie en miroir toutes ces questions relationnelles qui agitent chacun·e d'entre nous – surtout à l'adolescence !
Chapeau bas pour ce premier roman !
🇲🇦 On aurait pu craindre, avec cette histoire d'amours contrariées, une énième revisitation de Roméo et Juliette. Mais non ! À la frontière entre le Maroc et l'Algérie, dans la vallée des Lazhars (imaginaire, visiblement), deux familles se font face, chacune sur un versant de montagne. Et, depuis la nuit des temps, ou presque, elles se détestent. Mais l'analogie shakespearienne s'arrête là, pour mieux nous surprendre au fil des pages.
🇲🇦 Amir, le narrateur, étudiant installé de longue date en France, revient au pays un été, à l'occasion du mariage de sa cousine. Un mariage d'amour avec un jeune homme de l'autre famille, consenti bon gré mal gré par les deux parties. La fête devra être belle, il en va de l'honneur et de la réputation des deux camps.
🇲🇦 Dans ce coin de Maroc estival – un Maroc du bout du monde, montagneux, rocailleux, écrasé de chaleur –, Amir peine à trouver sa place. Il maîtrise mal la langue et se sent éclipsé par son cousin, jeune homme flamboyant vers qui convergent tous les regards, d'autant qu'il ne s'était pas montré au village depuis trois ans. Amir aime son cousin, d'une affection absolue qui, toutefois, sera mise à l'épreuve cet été-là. Car il réalise bientôt qu'ils sont tous les deux amoureux de la même jeune femme – qui fait partie, évidemment, du clan ennemi.
🇲🇦 Une intrigue prenante, des personnages à la complexité profondément humaine, un décor éblouissant, une langue qui coule de source : autant d'ingrédients qui garantissent un formidable plaisir de lecture.
🐥 Un tout-carton tout-en-long tout-mignon
🐟 Dans un univers de banquise glacée, Nouka part à la #pêche, très fier d'être capable d'y aller tout seul. Seulement, vu qu'il a les yeux plus gros que le ventre, l'aide de ses ami·e·s sera peut-être la bienvenue...
🐟 Il n'empêche que Nouka est un grand garçon ! À moins qu'il ne soit... un grand poisson ?? Voilà une #histoire qu'il faudra lire au moins deux fois, car ce qui se passe sous la surface de l'eau est tout aussi intéressant que ce qui se passe sur la #banquise ferme !
🐟 Un tout-carton tout-en-long tout-mignon, avec un graphisme épuré qui le rend très lisible, et un texte minimaliste juste parfait !
Un chef-d’œuvre
🖤 De voyage, pour une fois, il n'est pas vraiment question ici, même si quelques pages sont consacrées à l'arrivée de l'autrice-illustratrice à Chicago. En revanche, les violences de la société américaines sont dépeintes avec une telle acuité que la dimension documentaire de l'ouvrage est indéniable.
🖤 Disons-le tout net : ce gros roman graphique est un tour de force. Plus de 400 pages, quasiment que des gravures en noir et blanc ou des dessins au fusain... Il fallait oser ! Valentine Cuny-Le Callet, qui n'a même pas encore 30 ans, a de l'or dans les mains... et dans le cœur. Car son propos, c'est de relater sa correspondance de plusieurs années avec Renaldo McGirth, jeune condamné à mort aux États-Unis. Et, ainsi, de témoigner des conditions carcérales de ces personnes qui vivent dans 5m², en attendant la sentence finale.
🖤 Déchirante, cette histoire d'amitié et d'écoute mutuelle vous percute de plein fouet. Chaque page est saisissante. Valentine joue avec les ombres, les silhouettes, les hachures, les symboles, les métaphores visuelles, tant pour restituer les émotions qui la terrassent que pour tenter de retranscrire celles de Renaldo. Ce dernier dessine, lui aussi, et les quelques reproductions (en couleurs) qui lui sont accordées sont bouleversantes : car au fond de ce sinistre couloir de la mort, il dessine des fleurs et des paysages paisibles et idylliques.
🖤 Au-delà de l'histoire de cette correspondance, nous sommes en prise directe avec des questionnements sur l'incarcération et la peine de mort, sur les conditions de détention et la privation de libertés (le pluriel est primordial). Voilà un roman graphique qu'il faudra lire et relire pour en percevoir toute la profondeur. Un chef-d’œuvre. Et vous qui suivez La Géosphère, vous savez que ce mot-là, je ne l'ose pas souvent.