Eric R.

1962-2019

1

Casterman

16,00
Conseillé par (Libraire)
22 mai 2021

Un futur "classique"

Ferrandez est né en 1955 à Alger dans le quartier de Belcourt, ce quartier qui a vu grandir le jeune Albert Camus. Le dessinateur n’a aucun souvenir de ses premiers mois en Algérie, mais cette coïncidence, cette proximité avec le Prix Nobel de littérature l’a probablement incité à chercher à comprendre ce pays qui les a vu naître. Il écrivait en conclusion de « Entre mes deux Rives » (1) : « Je suis comme un enfant trouvé de la Méditerranée, ballotté d’un bord à l’autre. Je suis né sur la rive sud, j’ai vécu sur la rive nord. Les deux m’appartiennent. J’appartiens aux deux ». Sa rive nord, Nice en l’occurrence, sera notamment l’univers de Giono. Sa rive sud sera celle de Camus et de sa série « Les carnets d’Orient », entamée en 1986, composée de dix tomes qui est devenue une BD de référence présente dans les bibliothèques des bédéphiles, comme dans de nombreuses écoles. Ferrandez a su, dans cette saga familiale, transmettre d’abord la lumière, celle qui éclaire à jamais la baie d’Alger, la blancheur aveuglante de la Casbah. Et par des histoires individuelles qui recoupaient la grande histoire, il a offert une multiplicité de points de vue qui expliquent des destins collectifs algériens et français de 1830 à 1962. Octave, Saïd, Noémie, Samia pour expliquer la colonisation, les massacres de Sétif, la guerre d’indépendance.

Dans la dernière page de « Terre Fatale », ultime ouvrage paru en 2009, Octave promettait à sa mère, sur le quai du départ du port d’Alger en 1962, « Oui on retournera. Je te le promets ». Il aura donc fallu à Ferrandez, douze ans pour tenir la promesse de son personnage et reprendre l’histoire là, où elle s’était arrêtée: l’indépendance algérienne. Plus exactement, la Bd commence avec le Hirak, le 37 ème vendredi consécutif de manifestation depuis le 22 février 2019, un saut complet pour dire hier et aujourd’hui.

« Je voulais démarrer avec le Hirak, parce que c’est l’élément saillant qui permet de reconsidérer toute cette histoire de l ‘Algérie contemporaine ».

Ce sont deux chauffeurs de taxis, comme porte-paroles de la population, à plus de cinquante ans d’écart qui vont servir de témoins relais pour expliquer l’après indépendance. Nous sommes en terrain connu, des prénoms ressurgissent, mais le format est différent et la structure narrative de l’histoire se morcèle en épisodes de vie de différents personnages permettant, à chaque fois, à Ferrandez d’exposer les multiples points de vue. C’est, avec la beauté de son dessin, léger et bleu comme l’air de la méditerranée, l’autre qualité essentielle du dessinateur: exposer des situations les plus complexes de la manière la plus simple, sans manichéisme, ni parti pris.

Deux temps forts sont privilégiés: le coup d’état de Boumediene en 1965, et les manifestations réprimées de 1988 qui annoncent la montée du Front Islamique du Salut (FIS). Avec l’éclairage de ces deux évènements majeurs, la situation algérienne post coloniale apparait clairement.

En peu de pages, Ferrandez réussit à évoquer notamment la situation des femmes, le volontarisme des « pieds rouges », ces français venus aider le gouvernement socialiste naissant par opposition aux « Pieds noirs », les harkis, les « Nord-Africains » devenus « Algériens » dans le bidonville de Nanterre. Les pièces d’un puzzle historique et sociologique se mettent en place dans une construction chronologique éclatée mais parfaitement fluide.

Aussi, et surtout, sans aucune caricature, l’auteur met au grand jour les multiples contradictions auxquelles chacun dans son camp doit faire face. Pour ce faire il utilise des personnages connus dans les albums précédents et en créé de nouveaux qui agissent comme des révélateurs de ces contradictions historiques. Privilégier la démocratie ou abattre l’islamisme extrême? Aider les femmes algériennes à se libérer en s’asservissant soi-même? Accepter la présence cachée de la France ou admettre l’implantation des pays de l’Est? La liste est infinie et vertigineuse. L’ouvrage s’arrête en 1992 avec la mort du président Boudiaf et la lutte de l’armée contre les Islamistes vainqueurs des élections de 1991.

En gardant ses qualités de conteur, Ferrandez demeure un formidable passeur historique, qui pour la première fois se dessine en couverture sous les traits d’un personnage de fiction. Comme un lien entre les « deux rives », lui, quittant provisoirement la rive nord pour mieux comprendre la rive sud. Où il est né.

Eric

Conseillé par (Libraire)
19 mai 2021

Magnifique hommage

C’est une petite ville de 12 000 habitants dans les Hauts de France. Sertie dans le bocage de la « Petite Suisse du Nord », au Sud du Nord, elle ne fait guère parler d’elle. Aujourd’hui, si vous vous promenez dans ses rues, vous n’avez pas l’impression de circuler dans une cité ouvrière de la région, celle des mines et des corons, des usines sidérurgiques. Pourtant quelques bâtiments avec des toits pointus vous rappellent que Fourmies fut un centre de fabriques textiles au 19ème. Ces rues, l’auteur les a parcourues tout au long de sa jeunesse: « Deux fois par jour, quand j’allais à l’école, puis au collège, puis au lycée, je traversais la place où la fusillade a eu lieu. Jusqu’à la fermeture des usines, la quasi totalité de ma famille était composée d’ouvriers d’usine et d’ouvriers en filature (…). C’est de là que je viens ».

Cette place c’est celle où se déroula le 1er mai 1891 une manifestation des ouvriers grévistes du textile qui réclamaient la journée de travail de 8 heures. En fin de journée, un officier de deux régiments d’infanterie cantonnés à proximité ordonne de tirer sur les grévistes. 9 personnes sont tuées et seront élevées au rang de martyr. C’est cette journée que l’auteur raconte.

Inker nous a habitué à l’utilisation de la bichromie: noir et blanc pour « Panama Al Brown » , vert et rouge pour « Servir le Peuple », ou encore bleu et orange pour « Un travail comme un autre ». Il ne pouvait ici faire autrement compte tenu du récit d’utiliser le noir et le rouge, rouge du drapeau français, rouge comme les briques et les murs des usines, rouge comme le sang qui va s’écouler lentement sur les pavés de la place. Le trait est cette fois-ci plus lâche, plus libre comme pour s’adapter aux mouvements d’un peuple en action, comme pour lui donner plus de liberté, celle qu’il réclame en levant le poing. L’utilisation du patois populaire accroit ce réalisme.
Le lecteur vit cette journée au plus près au son des cloches de l’église qui égrènent les heures fatidiques. On découvre des tenues et des visages de soldats proches illustrant « Le cri du peuple » de Vautrin. On défile avec les manifestants, on sent le suint, on rencontre d’inénarrables et odieux bourgeois, mais on s’allonge aussi dans l’herbe pour regarder la beauté du ciel au milieu des coquelicots à la manière du Dormeur du Val. La journée est belle et commence doucement: séduction, couleurs printanières, manifestation traditionnelle, harangue politique, on est dans l’habituel et rien ne présage d’un soir funeste. Maria, la jolie rousse nous entraine derrière elle à la distribution de « papiers », aux retrouvailles avec son amie jusqu’à la cueillette de son Mai. Son Mai, c’est de l'églantine. « C’est tellement beau » lui dit-on. « Mais c’est fragile » répond-elle, fragile comme un jour de printemps qui restera dans l’Histoire, non pour son soleil mais pour le noir de la fumée des cheminées qui continuèrent à cracher ce jour leur souffle. A la demande des patrons. Contre l’avis de la majorité des ouvriers.

Les pages silencieuses apportent des mouvements de poésie dans une tension croissante dont on connait la fin. Pas de suspense, on sait le sort réservé à 9 des manifestants et la BD s’achève brutalement comme un tir de fusil Lebel. « Feu » est le dernier, les pages finales sentent la poudre et la fureur. Sans bruit, sans bulle. Mais avec une tristesse infinie. Par ce récit humaniste Inker confond Histoire et histoire. Il rend au prénom de Maria son nom : Blondeau. Il rend un bel hommage à sa ville et aux personnes qui l’ont constitué parfois en versant leur sang.

Eric

Ma guerre contre les tricheurs

Arthaud

19,90
Conseillé par (Libraire)
15 mai 2021

Edifiant

C’est un livre qui donne le frisson, la nausée même. Un passionné de sport sait que la tricherie fait partie intégrante de sa passion depuis les origines. Pourtant quand le concept abstrait devient récit, concret, la joie, la passion se fissurent, pareilles à la découverte d’un Père Noël fictif. Ces mensonges, Jean-Pierre Verdy a préféré les regarder en face et même les traquer pour les dénoncer. Entraineur de l’équipe de France de pentathlon moderne à Atlanta, il est viré pour absence de résultats. Très rapidement il se reconvertit et devient un acteur principal de la lutte antidopage en fondant le département des contrôles de l’AFLD (Agence française de la lutte contre le dopage).

Beaucoup d’ouvrages concernant le dopage s’attache à un fait divers, une confession, une enquête ciblée. L’intérêt majeur de ce témoignage réside dans un combat mené de l’intérieur, collectivement, contre des tricheurs mais aussi contre des institutions censées être les garantes de leur sport. C’est contre Armstrong, Vinoukourov, ou Fouad Chouki que l’AFLD se bat bien entendu mais encore plus contre des pouvoirs. Le milieu du foot semble ainsi intouchable et non concerné par le dopage alors que toutes les analyses des phanères (poils, cheveux, ongles) démontrent le contraire. Édifiants ces cris effarouchés de présidents de clubs, de fédérations qui refusent même l’idée de contrôle. Comme ceux de la fédération internationale de tennis qui privilégie les fondements financiers d’une activité lucrative à l’éthique. Bien entendu le cyclisme est au coeur de cette lutte institutionnelle avec les obstacles menés par l’Union Cycliste internationale (l’UCI), organisme protecteur de Lance Armstrong, le coureur américain, étant le centre de la lutte menée par l’AFLD, celui qui donne des cauchemars à des centaines de contrôleurs, par son arrogance. Sa protection politique, dont celle de Nicolas Sarkozy, est ici clairement exposée. La figure du vainqueur du Tour plane sur toutes les pages du livre, exemple « parfait » d’un athlète dont la tricherie était découverte dès 1999. Un simple courage politique aurait dès son origine éteint ce qui allait devenir le plus grand scandale du dopage organisé.
On ressent l’usure provoquée par cette lutte quand vous savez détenir la vérité et ne pouvoir pour des raisons juridiques, politiques, médiatiques, la dévoiler.
Ces luttes institutionnelles sont complétées de l’évocation de certains noms qui ont peu défrayé la chronique, tant leurs cas dérangeaient. La Juventus de Turin, l’équipe de France 98 et un Didier Deschamps au taux d’hématocrite qui l’aurait empêché de prendre le départ du Tour de France, « Mme Longo » qui refusa toujours de se géolocaliser empêchant ainsi des contrôles inopinés en raison de son allergie aux ondes mais aussi, et ce n’est pas le moins intéressant de l’ouvrage, l’évocation du dopage chez les amateurs, ceux trop nombreux pour être contrôlés, qui se « chargent » pour gagner correctement leur vie dans des compétitions de deuxième niveau ou même simplement pour battre les copains à la sortie du dimanche.
Verdy conclue en précisant que le combat continue pour « préserver ce qui fait la beauté du sport et la raison de son succès, son principe essentiel: l’égalité entre les Hommes ».

Eric

Conseillé par (Libraire)
15 mai 2021

Inceste : tout est dit

Cela commence comme un roman historique, comme « Le Cri du peuple » de Jean Vautrin, ce récit qui se passe pendant la Commune. Deux héros bancals, deux petits hommes commerçants pendant le siège de Paris par les Prussiens, quelques mois mois avant la révolte parisienne. Ils vont aller aux Jardins des Plantes pour tuer des animaux sauvages, lions, éléphants, singes, vendre leurs viandes aux parisiens affamés. Devant les autorités qui ferment les yeux, ils vont s’enrichir. Un méfait moralement condamnable mais admis tacitement. Ce sont sur ces bases que va se constituer, s’enrichir la famille de Sophie Chauveau, que l’on connait surtout pour ses remarquables biographies romancées consacrées notamment à De Vinci, Manet, Fragonard ou Diderot. La morale, Arthur n’en a cure, et toute sa descendance va hériter de ce trait de caractère. Il va engendrer des enfants, des petits enfants, des arrière petits enfants, plus amoraux les uns que les autres, des pervers, protégés du regard de la société par une protection et connivence familiale permanente. C’est en faisant connaissance avec une cousine que Sophie Chauveau va découvrir l’étendue du mal qui a embrasé plusieurs générations. Camille Kouchner raconte l’histoire d’une famille étendue, d’une génération. Sophie Chauveau raconte la perversité sur plusieurs générations, comme si les abus sexuels étaient inclus dans les gênes de sa famille et se transmettaient.

« Un homme ça s’empêche », cette phrase de Camus, placée en exergue, ne s’applique pas dans la famille descendante d’Arthur. Rien n’empêche les trois fils d’Arthur, de violer, d’agresser, de peloter tout ce qui passe à portée de main, fillettes, garçonnets, frères, soeurs, dans la mesure où tout reste dans la famille, cachée aux yeux de tous. La famille, cocon protecteur mais en l’occurence terrible étouffoir qui broie sous les apparences les êtres les plus fragiles, ceux qui sont jeunes, sans importance et qui oublieront. Cet oubli Sylvie Chauveau a vécu avec, a composé avec. Si il existait une échelle de l’horreur et de l’ignominie, ce géniteur, ce Père, ce Pierjac, atteindrait les sommets. Par son écriture millimétrée, l’autrice démonte tous les mécanismes de l’inceste, ces rouages que l’on semble enfin publiquement découvrir depuis le livre de Camille Kouchner: culpabilisation de la victime, cécité de l’environnement amical, oubli et effacement partiel de la mémoire, silence et complicité des femmes avec ce terrible chapitre sur « Mère » et sa responsabilité immense.

Victime directe d’un couple terrifiant, elle raconte la nudité permanente, les propos salaces, les attouchements rapides, l’impossibilité de parler. Elle choisit de ne pas décrire les actes mais son récit n’en est que plus terrifiant.
Dans la première partie de La Familia Grande le mot le plus utilisé est celui de «Liberté ». C’est en son nom que l’on se promène nu, que l’on expose sur le murs les seins de sa fille. Liberté comme une conception de la vie permettant tout, sans aucun sens de l’altérité. Avec Sophie Chauveau, c’est le poids d’un patriarcat social, lié au pouvoir de l’homme et à son plaisir immédiat, qui se perpétue par tradition. Causes différentes, causes communes? Mais mêmes dégâts ravageurs qui nous conduisent à nous demander comment on peut survivre à de telles ignominies.

En terminant le récit, on a le sentiment que le premier véritable ouvrage, consacré à l’inceste est celui-ci. Il aurait du lors de sa parution en 2016 soulever de nombreuses questions, interroger les critiques, les politiques. Il n’en fut rien. Alors la faute à l’époque qui n’était pas encore prête à entendre ces discours de souffrance? La faute à l’absence de noms connus, Chauveau Père n’étant pas médiatique comme Olivier Duhamel? Un peu des deux sans doute. Il est encore temps de réparer cette erreur en lisant ce livre indispensable, complet et profond pour savoir définitivement qu’ « un homme ça s’empêche ».

Eric

23,00
Conseillé par (Libraire)
13 mai 2021

Sensible et juste

Elles sont cinq, comme les cinq doigts de la main. Elles sont copines, ou certaines amies, la nuance est importante. Elles ont quitté l’école. Elles vivent dans une petite commune de quatre mille habitants près de Lyon. Elles s’appellent Jess, Broussaille, Claudine, Juliette, Boucle d’Or. Vous n’oublierez pas leurs noms. En cette année 1985, la vie s’ouvre devant elles. Vingt cinq ans c’est l’âge des possibles, des choix, de l’adieu à l’enfance. Chacune hésite avec parfois la peur de se lancer. C’est Jess qui raconte. Elle est différente, les autres lui disent en permanence. Elle est d’ici et d’ailleurs, elle veut tout et son contraire. Alors un jour elle décide de faire un pas de côté, d’oser, d’aller voir ailleurs, de prendre un risque. Elle incite ses copines à participer au concours de talents de la fête du printemps de leur commune: elles vont présenter un défilé de mode avec des costumes dans leur propre mise en scène.

Claudie Gallay excelle pour décrire les situations du quotidien, et surtout les relations humaines qui en découlent. Dans « Les déferlantes » elle racontait un village de bord de mer, brinquebalé par les vents, comme ses habitants. « Une part de ciel » nous emmenait dans un petit bourg de la Vanoise qui hésite à devenir une station de skis, où les habitants sont un un peu rudes mais fraternels. La place de l’individu dans une communauté, l’autrice reprend ici ce thème et devant nos yeux se déroule le rituel quotidien d’une place de village: l’ouverture de la boulangerie, le passage du curé, les chats du voisin, le banc sous la fenêtre, les volets qui s’ouvrent et se ferment. Jess regarde tout de son poste d’observation, sur la terrasse de ses parents. C’est le monde où elle est née, auquel elle appartient, qui chaque jour lui offre son perpétuel recommencement. Elle est de là mais elle ne veut plus être là. On pense alors à une version romancée des oeuvres d’Annie Ernaux. Les parents de l’écrivaine normande tenaient un bar-épicerie, ceux de Jess un petit hôtel de quatre ou cinq chambres. Et toutes deux se demandent comment échapper à son origine sociale sans le renier. Pour la mère de Jess, chacun a une place définie à la naissance et doit y rester en demeurant digne. Plier et ranger les draps de l’hôtel comme l’a fait l’arrière grand-mère, la grand-mère, la mère. Rester dans sa case, dans sa caste. La glissade vers un autre univers possible, le jeune femme y sera confrontée en allant travailler chez Madame Barnes, une vieille dame, fille de l’ancien patron de l’unique usine de la commune. Grande bourgeoisie et petit peuple, un manichéisme heureusement évité tant la vie est plus complexe que cela mais la confrontation de deux univers est riche pour Jess et pour le lecteur. Claudie GALLAY sait planter un décor, créer une ambiance, transcrire les questionnements et les errements de ses personnages. Elle prend ici son temps, le temps des gestes du quotidien qu’elle syncope en de courts chapitres. Et à travers ce temps on saisit presque minute par minute, les relations entre ces cinq filles si différentes et si désireuses de vivre autre chose. L’amitié pour la vie, scellée par les liens du sang, peut se révéler une fracture, une douleur. Elles sont filles, fières de l’être et à leur manière, sans le savoir, trente cinq ans avant Me too, féministes.

L’autrice, fidèle à ses oeuvres précédentes s’interroge une nouvelle fois sur la famille, l’enfance, la culpabilité, l’intimité de nos pensées. Son écriture est unique, soucieuse du moindre détail et capable à des moments choisis, comme pour éviter l’emphase permanente, d’éclats poétiques merveilleux. L’humanité est le domaine de Claudie Gallay, l’humanité avec ses failles, ses richesses parfois mal fagotées comme les filles lors de leur défilé. Mais tellement belles et innocentes, rayonnantes et à leur manière gagnantes. Au moins pour quatre d’entre elles.

Eric