Gadji !
EAN13
9782848652115
ISBN
978-2-84865-211-5
Éditeur
Sarbacane
Date de publication
Collection
EXPRIM'
Nombre de pages
290
Dimensions
19 x 13 x 2,1 cm
Poids
280 g
Code dewey
804
Fiches UNIMARC
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"Tout tournait, eux et moi, j'étais la Terre autour du Soleil. L'accordéon se tordait à s'éreinter, les carcasses se réveillaient, la clarinette repoussait son ultime cri et... je m'écroulais. Quand ils étaient trop soûls, les autres, je me mettais à les détester. Ça se passait dehors malgré le froid, ça se passait sous les étoiles."À douze ans, Katarina a vécu mille vies. Petite Rrom de Roumanie, elle a dansé au son de l'accordéon de son trublion de père, chanté pour égayer sa «madone muette» de grand-mère, entraîné ses démons de frères à gagner les concours d'insultes à la décharge publique, et appris presque seule à déchiffrer les «vingt-six mystères en pattes de mouche régulières».Le monde l'attire éperdument, elle voudrait tout voir, tout connaître ; l'occasion se présente lorsqu'on l'envoie vivre chez «la Cousine», à Paris. Mais... devenir une gadji ? Jamais !
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Entretien avec Lucie Land

Propos recueillis en juin 2009

Quels ont été vos sources d’inspiration pour écrire « Gadji ! » ?

Un jour, j’ai eu la coqueluche et j’ai été cloué au lit avec un inhalateur de cortisone ; la toux étrange et très caractéristique à cette maladie, imitait le chant du coq. Ce n’était pas très agréable, mais au moins j’avais le temps. Dans la maison en face de l’ancienne gare où j’habitais, se trouvait un vieux coq insomniaque qui sonnait l’alerte à toute heure. J’avais l’impression qu’on dialoguait tous les deux, sereinement, follement, dans une espèce de free jazz maladif, et c’est là que me sont venues les premières phrases du livre : « Je suis née dans la boue. C’est la pluie qui m’a lavé. », en pensant à une petite fille qui n’existait pas et qui s’appellerait Katarina. Elle est plutôt née d’un éclair entre deux toux, que d’une longue couvée. Ensuite, ça c’est compliqué, j’ai fait appel à ma mémoire pour visualiser et laisser chuchoter quelques-uns des Rroms que j’avais croisés ou rencontrés, certains étaient devenus des amis et l’un deux, un musicien, m’a beaucoup inspiré pour Zéus, le père de Katarina ; puis j’ai fait appel à mon imagination, et comme cette petite m’était très chère, j’ai eu envie de l’entourer d’amis, de frères, de mères, de grands-mères. La Roumanie, c’était un choix de coeur, mais le roman aurait pu se situer ailleurs, en Espagne, en Ukraine… Bref, ça m’a pris trois ans. A la fin, j’avais envie de tuer le coq.

Pouvez-vous nous dire quel est, selon vous, le sujet principal de ce livre ?

Je ne sais pas. Je trouve que le rromani est une langue très belle et très poétique, d’autant plus quand on en connaît les subtilités, ce qui n’est pas mon cas, je la parle juste un peu. Mais je ne sais pas, c’est sans doute autre chose le sujet principal : la liberté, l’enfance ou les deux.

Quel message délivre Katarina ?

Elle est trop jeune pour délivrer des messages, elle s’invente encore à chaque pas, donc sa pensée est confuse, et même si on suppose qu’elle relate cette histoire un plus tard, il s’agit surtout de ‘son’ histoire, elle vit, elle pleure, elle chante et n’en tire aucune conclusion.

Comment avez-vous fait pour parvenir à décrire un camp rom et le quotidien des Rroms ?

Le camp en question est en fait un village, Izvor, (inventé) et n’est pas vraiment perçu comme un camp par ses habitants ; un peu plus loin, c’est vrai, il y a une décharge publique sur laquelle commence à s’installer les cousins de Katarina. Je les ai vu ces décharges, dans plusieurs endroits, à Sofia près de l’aéroport par exemple, mais ça existe ailleurs que dans les pays de l’est, au Brésil par exemple ou près de villages français. A Nanterre, oui, c’est un camp, un campement de réfugiés, un truc qu’on n’améliore pas, parce il est entendu que c’est du provisoire. C’est presque philosophique l’idée du provisoire qu’ont la plupart des pays européens… Je me suis souvent arrêtée aux abords des capitales ou villes parce que je ne comprenais pas ce qu’ils faisaient là tous ces gens, à l’écart, sous les ponts. Certains ont essayé de me raconter leur histoire, (je n’ai pas toujours tout compris, mais on se comprenait quand même), souvent la même histoire : pas de papier, pas de droit au travail, pas de domicile fixe, pas d’école. On parle de liberté concernant les Rroms mais, quelle liberté peut-il y avoir quand on n’est pas reconnu comme un habitant digne de côtoyer les plus dignes. Ce genre de campement n’est pas le lot de tous les Rroms bien entendu, certains ont choisi de se déplacer pour des raisons professionnelles, (cirque, artisanat ou travail agricole) et quelques terrains sont mis à leur disposition parfois, mais c’est une minorité car la plupart des Rroms sont sédentaires, ou aimeraient le devenir. Ils sont très attachés à leur pays de naissance, ce qui ne les empêche pas d’avoir envie de voyager. Si j’ai pris le temps de m’arrêter, c’est parce que je passe ma vie à ça, à prendre le temps, sur une marche, dans le métro où je descends rarement à la bonne station, prise par les visages et les conversations, dans un bistrot, sur une île avec des amérindiens, dans un quartier Rrom à Istanbul, dans un ascenseur, dans un lavomatique.

A travers ce roman, vous montrez l’importance de la famille. Pouvez-vous nous en dire plus sur le lien qui unit Katarina à la sienne ?

Dans les familles Rroms, on partage et on s’entraide, la place des enfants est très importante, la place de chacun est très importante, on ne laisse pas les vieux de côté par exemple, ce serait impensable, et si Katarina décide d’aller à l’école à Paris, elle pense sans doute, que c’est la meilleure solution pour leur avenir commun. Mais ce n’est pas sans douleur, en partant elle mesure mal ce que je veux dire vivre à Paris ou vivre loin des siens.


Ce roman est un conte initiatique dans lequel Katarina, après de dures épreuves, parvient à s’épanouir et à passer du statut de fille, à celui de jeune femme. Est-ce un roman principalement dédié aux adolescentes ?

Non, c’est un roman dédié à ma grand-mère.

Cette jeune fille, Katarina, à la fois libre et rebelle, est-ce vous ?

Non, ce n’est pas moi, c’est ma soeur.

« Gadji ! » est votre premier roman, imaginiez-vous un tel succès ?

Non, mais j’espérais qu’il serait lu par des inconnus.

Avez-vous d’autres projets d’écriture en tête ?

Oui, un roman.

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