Manifeste pour un avenir non-politique

En amplifiant la réserve prêtée à Socrate, la politique s’avère foncièrement scélérate ; aussi est-il nécessaire qu'elle soit pratiquée par des hommes vertueux. Hélas, s'il est des femmes et des hommes vertueux, ils ne choisissent généralement pas l'exercice politique, encore moins le métier. Quand par extraordinaire ils le choisissent, la politique leur dicte sa loi : la violence. L’axiome de Clausewitz peut être inversé : « La politique est la continuation de la guerre par d'autres moyens. » La logique politique s’est sclérosée au point que nos sociétés vacillent. Équilibres géopolitiques, production et répartition des richesses, rapports sociaux, transmission des savoirs, respect des libertés fondamentales, santé, qualité de l’environnement : tout est en souffrance. Il s’agit d’une crise systémique. Mais un modèle de développement, quel qu’il soit, consiste en une réalité historique par définition relative, donc vouée à se transformer, voire à disparaître au bénéfice d’un nouveau type d’organisation. Cependant, il est symptomatique que les pro-positions de changement ne soient pas à la hauteur des enjeux. Nous pouvons égale-ment soupçonner que lorsqu’il y en a, ces propositions se voient consciencieusement déminées. Précisément, le Manifeste pour un avenir non-politique soutient que cette crise relève du tour « totalitarisant » que prennent nos sociétés. Il faut oser remettre en question le politique même, considérer l’éthique que le politique présuppose et réalise, l’ethos politique, la manière d’habiter sur Terre dont il est le nom. Que nous offre l’ordre politique ? Comment envisager le collectif futur ? Comment faire droit au « monde de la vie » ? Ce manifeste, jalonné de pépites de nature philosophique qu'on citera désormais avec bonheur, alimente la forge des idées. Il ne se contente pas d’interroger la notion de politique telle qu’on l’a conçue et exercée jusqu’à présent, il est d’abord pionnier en ce qu’il avance une vision inédite de la vie en société permettant d’être enfin lucides. Il est ensuite fondateur car il aura une postérité, celle des générations à venir qui devront établir d’autres manières d’être au sein de la Cité. Il est enfin décisif, nos enfants auront à repenser radicalement le monde, leur monde, en scellant une nouvelle alliance avec le vivant. Là est toute l’ambition de ce manifeste. Éric Desordre Enseignant, philosophe, poète, directeur de collection, les recherches que mène Jean-Philippe Testefort depuis trente ans convergent vers des questions d’ordre éthique.