L'exception tunisienne, Variations sur un mythe
EAN13
9782811125271
Éditeur
Karthala
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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L'exception tunisienne

Variations sur un mythe

Karthala

Indisponible
Coédition Karthala - IRMC Tunis.

Le thème de l’exception tunisienne défie le temps. Il s’inscrit dans une
longue tradition, sous la plume des auteurs les plus divers. Il a magnifié le
projet de modernisation autoritaire de Bourguiba. Après avoir connu une
relative éclipse durant les vingt-cinq années de dictature de Ben Ali, il fait
de nouveau florès depuis le soulèvement populaire de 2011. Il a désormais pour
principal référent, non plus le développement, mais la démocratisation.

Aujourd’hui comme hier, l’exception tunisienne n’est qu’un mythe.
Exception en quoi et par rapport à quoi ? La question, lorsqu’elle est posée,
s’en tient à des ensembles improbables : le monde arabe ou les « printemps
arabes ». Biaisée, elle contient déjà la réponse, à vrai dire une lapalissade
qui découvre un pays arabe pas comme les autres. Le truisme présuppose que ces
« autres » constituent une totalité et permettent de discerner une règle
générale à laquelle la Tunisie dérogerait. Ce qui précisément ne va pas de
soi.

Le mythe procède d’abus ou de commodités de langage, qui figent, voire
essentialisent, des particularités. Il entretient une méprise sur la
spécificité. En tant que telle, la spécificité n’est pas synonyme d’exception,
sauf à considérer que tous les cas sont exceptionnels en raison de leur
spécificité ou à méconnaître qu’ils sont tous spécifiques.

Prendre la Tunisie au sérieux suppose de la démythifier et corrélativement de
dissiper les malentendus sur l’espace arabe. Celui-ci ne préjuge pas d’un
rapport au politique qui serait typiquement arabe. L’idée d’une espèce
politique arabe relève de la chimère, voire de la contrefaçon.

La Tunisie constitue certes un cas d’espèce, mais d’une espèce d’enjeux et de
problèmes irréductibles à une fantasmatique arabité politique. Il s’agit, en
l’occurrence, de l’institutionnalisation, condition nécessaire mais non
suffisante de la démocratisation.

Ces questions ont inspiré nombre de travaux de Michel Camau. Il réunit ici, en
un ouvrage, sept articles, dont deux inédits, rédigés entre 2003 et 2017. Ils
constituent autant de jalons thématiques d’une démarche de démythification de
l’exception tunisienne. L’auteur table sur leur cohérence intrinsèque, en
dépit des changements de contexte, de la diversité des objets et des
évolutions de sa propre réflexion. Le dessein de les regrouper relève d’une
nouvelle étape de pensée.
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