Narcisse Pelletier, Naufragé Aborigène
EAN13
9782367344126
Éditeur
Au vent des îles
Date de publication
Collection
SCIENCES HUMAINES
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Narcisse Pelletier

Naufragé Aborigène

Au vent des îles

Sciences Humaines

Indisponible

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1857, Narcisse Pelletier, jeune mousse vendéen de 14 ans, embarque à Marseille
sur un navire qui doit l’emmener au bout du monde, à Sydney. Après un échouage
au large de la Papouasie Nouvelle-Guinée, une attaque par une tribu et un
périple de douze jours en chaloupe, l’adolescent — blessé, affamé, assoiffé —
est finalement abandonné sur un petit îlot à la pointe nord de l’Australie,
dans la région du Cap York. Alors qu’il se croit condamné à mourir, il est
découvert puis recueilli par un petit groupe d’aborigènes. Sa vie bascule.
Narcisse intègre la communauté Pama Malngkana. C’est une immersion culturelle
totale et à priori définitive. Il devient Amglo, fils adoptif de Maademan. Il
apprend la langue, les techniques de pêche et de chasse, les rites : il
devient aborigène. Dix-sept ans plus tard, un navire britannique débarque et
les marins repèrent le jeune Blanc. Décidés à le « sauver », ils le
kidnappent. La vie de Narcisse-Amglo bascule une seconde fois. Sans même avoir
la possibilité de faire ses adieux à sa famille d’adoption, il est ramené en
Europe, après un voyage de neuf mois qu’on imagine éprouvant, pendant lequel
il va peu à peu recouvrir la langue française et réactiver ses souvenirs
d’enfance. L’histoire de ce « sauvage blanc » intéressa à l’époque des
journalistes et des érudits, dont un certain Constant Merland qui, suite à des
entretiens avec Pelletier, publiera en 1876 sa biographie intitulée Dix-sept
ans chez les sauvages, reproduite en intégralité dans la seconde partie du
présent ouvrage. Intriguée par cette histoire hors du commun, l’anthropologue
australienne Stephanie Anderson a d’abord cherché à en vérifier
l’authenticité. Puis, elle a analysé d’innombrables données et documents
d’archives (cartes, relevés de navigations, rapports et comptes rendus
administratifs, lettres, articles de presse, journaux de bord…), jusqu’à
reconstituer très précisément l’itinéraire de Narcisse Pelletier. Avec l’aide
de l’ethnologue Athol Chase, le seul à avoir réalisé une étude approfondie sur
les Pama Malngkaka, et dont est reproduit ici un très riche article, elle
engage un véritable dialogue scientifique avec Merland, décortiquant avec
méticulosité son texte et le commentant à la lumière des connaissances ethno-
historiques acquises depuis les années 1930. Elle va ainsi tour à tour combler
des lacunes du récit mais aussi étayer voire réfuter les informations dans
divers domaines ( linguistique, économie, système de parenté, alimentation,
spiritualité et sacré…). Avec Athol Chase et d’autres chercheurs, Stephanie
Anderson va en définitive révéler à quel point la société qui accueillit
Pelletier était infiniment plus complexe et sophistiquée que la description
qui en fut donnée au XIXe siècle - description dont les préjugés simplistes et
dangereux continuent de se perpétuer à l’époque contemporaine, notamment dans
la littérature… Déqualifiant ce qu’on considéra parfois comme un sauvetage,
elle va aussi intégrer une dimension psychologique à son analyse, et montrer
comment Narcisse Pelletier aura dû, malgré une accumulation insensée de
traumatismes, s’adapter à deux reprises dans des sociétés culturellement si
dissemblables. Ce livre scientifique extrêmement documenté, et accompagné de
nombreux appendices (courriers, croquis, articles de presse, photographies…),
se lit véritablement comme une enquête policière sincère et sérieuse. Il
s’adresse bien entendu à ceux que l’Australie, son histoire et son peuplement
intéressent, mais aussi, plus largement, aux amateurs d’aventures et de
destins humains hors du commun. « Le récit de Pelletier dans son ensemble
dépasse le simple intérêt anthropologique. Il soulève des questions pressantes
: qui sont réellement les sauvages, que comprend-on par civilisation et, en ce
sens, comment définir ce qui fait de nous des êtres humains ? » « L’odyssée de
Narcisse Pelletier et ses fascinants rebondissements nous entraînent dans une
série de rencontres interculturelles en Europe et ailleurs, durant la seconde
moitié du dix-neuvième siècle. Parce qu’elle eut lieu lors de l’expansion
économique effrénée de l’Occident sur le reste du globe, ses différents
épisodes révèlent les effets du commerce international et de la colonisation
européenne sur les grandes villes comme sur les régions isolées de l’Asie et
du Pacifique, et sur la vie des individus pris dans leurs sillages. Narcisse
Pelletier fut l’un de ces individus. » Universitaire et traductrice littéraire
australienne spécialisée dans les domaines de l’anthropologie et des cultures
de l’Asie et du Pacifique, Stéphanie Anderson est l’auteure d’un ouvrage
consacré à Marguerite Duras, Le discours féminin de Marguerite Duras (Droz
1995). Elle est décédée en avril 2019.
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