La déposition

Pascale Robert-Diard

L'Iconoclaste

  • Conseillé par
    8 septembre 2016

    Pascale Robert-Diard ne se concentre pas tant que les détails de l'affaire que sur ce long drame familial qui commence dès que Maurice Agnelet est soupçonné et qui ne se finira, en tout cas en ce qui concerne la justice, que plus de trente ans plus tard. La journaliste sait très bien rendre compte de la tension qui monte à la fois dans la famille Agnelet et dans le tribunal le jour où Guillaume décide de parler, culminant dans la confrontation, car on ne peut pas parler d'affrontement, entre les deux frères. Le lecteur comprend certains mécanismes légaux, et lire ce livre m'a parfois rappelé, voire appris des principes importants de notre justice. Par exemple qu'il faut une majorité de dix voix sur quinze pour prononcer une condamnation, Et puis, ne passons pas sous silence le style de Pascale Robert-Diard car du style, elle en a: L'échine de François Saint Pierre semble se creuser et s'assouplir comme celle d'un chat sous la caresse. L'exemple est d'autant mieux choisi que nous sommes dans le cadre de l'interrogatoire et que l'avocat dont il est question (personnage d'ailleurs très intéressant dans sa complexité d'avocat qui ne veut pas entendre ce que Guillaume a à lui dire puisque son seul rôle, comme il le rappelle, est de défendre le père) va tenter d'amadouer le fils et de le prendre dans ses filets. C'est un essai qui se lit comme un roman, avec un moment où on peut à peine reprendre son souffle tant la journaliste parvient à nous faire entrer dedans comme si nous le vivions, avec un temps mort juste avant, celui où les avocats des parties adverses se mettent d'accord et deviennent humains, sortant de leur fonction.


  • Conseillé par (Libraire)
    18 avril 2016

    La Déposition

    Pendant presque 40 ans, la France entière a suivi les rebondissements de l'affaire Agnelet/Le Roux, s'est demandé si Maurice Agnelet, l'avocat roué et séducteur, avait vraiment tué Agnès Le Roux, sa maîtresse et riche héritière, et si oui, qu'était-il advenu du corps de cette dernière. En 2014, le troisième procès Agnelet s'ouvre à Rennes, sans grand espoir de dénouement réel ; et là, coup de théâtre, Guillaume, le fils, vient témoigner contre son père, et mettre fin à un feuilleton judiciaire inextricable.
    Le tour du force du texte de Pascale Robert-Diard, qui en tant que chroniqueuse judiciaire pour Le Monde était aux premières loges, c'est d’adopter le point de vue du fils, d'emmener cette histoire sur le terrain du romanesque et du mythologique : c'est l’histoire d'un secret de famille qui devient tellement lourd à porter pour l'un des protagonistes qu'il s'enfonce peu à peu dans le dépression, puis craque pour se libérer. C'est l'histoire d'un fils qui refuse d'être emporté par les crimes de son père.
    Ce livre, qu'on peut lire comme un roman, comme un polar, comme un mythe, vous happe et ne vous lâche plus ! En effet, le style impeccable et implacable de Pascale Robert-Diard nous tient en haleine et dans ce récit, tout est fascinant et tout est vrai.


  • Conseillé par
    18 mars 2016

    captivant

    Ce livre relate l'histoire du procès de Maurice Agnelet, supposé avoir tué sa maitresse Agnès Le Roux. Son corps n'a jamais été retrouvé et ce procès a duré des années d'appel en appel...
    Ce procès nous est compté à travers les dires de l'un des fils de Maurice Agnelet : Guillaume. Pendant des années ce dernier se battra aux cotés de son père afin de clamer son innocence. Mais des secrets de famille le hantent et commencent à le détruire petit à petit : ils sont trop lourds à porter pour ses épaules....
    Captivant, excellent, cela devient un roman à part entière.
    A lire


  • Conseillé par
    31 janvier 2016

    Mieux qu'un roman

    Un procès, lorsqu’il est bien raconté, peut ressembler à un véritable roman. C’est exactement ce que réussit Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au Monde et auteure de « La Déposition ».

    L’affaire était un morceau de choix, une histoire à la fois rocambolesque et tragique, pleine de rebondissements jusqu’au coup de théâtre final.

    En octobre 1977, Agnès Le Roux, riche héritière dont la famille possède des casinos, et notamment Le Palais de la Méditerranée à Nice, part en week-end avec son amant Maurice Agnelet. On ne la reverra plus. Elle s’est évaporée dans la nature, il n’y a aucune trace d’elle.  Les soupçons se portent immédiatement sur l’amant en question, qui est avocat. D’autant plus que l’argent qu’Agnès avait déposé sur un compte dont il était le seul à connaître l’existence, a disparu. Il nie et présente un alibi (il aurait été avec une autre femme à ce moment-là)… Mais la famille Le Roux n’abandonne pas, portée par la mère qui veut à tout prix savoir ce qui est arrivé à sa fille.

    Maurice Agnelet est arrêté, mais l’instruction débouche sur un non lieu en 1986. Il y a beaucoup de soupçons, mais aucune preuve. Un premier procès s’ouvre en 2006, car la femme qui lui avait procuré l’alibi, a reconnu avoir menti. Il est acquitté. Puis, en 2007, condamné en appel à vingt ans de prison. Saisie par son avocat, la Cour Européenne des droits de l’homme annule la condamnation et renvoie devant une nouvelle cour d’assises.

    C’est ce troisième procès, que Pascale Robert-Diard nous raconte. Son attention se porte tout particulièrement sur Guillaume Agnelet, le fils de l’accusé. Jusque là, il a toujours défendu son père, comme l’ont fait son frère et leur mère. Cette fois, revirement de situation. Il vient révéler devant la cour que leur père a avoué, il y a des années, être coupable de la mort d’Agnès. Mais, avait-il même précisé, tant que l’on ne retrouvait pas le corps, il ne risquait rien.

    C’est la stupéfaction. Tout le monde pensait qu’Agnelet sortirait libre, puisqu’il n’y avait pas de nouvel élément.

    Pascale Robert-Diard décrypte ce qui a conduit Guillaume à prendre cette décision. Elle fait revivre la violence de ce moment inouï, digne d’une tragédie grecque, quand un fils décide de dénoncer son père en sachant que cela l’expédiera en prison pour plusieurs années…

    Ce texte n’est pas un simple compte-rendu d’un procès, mais un véritable récit littéraire. Nous avons l’impression de lire un policier. En mieux, puisque tout est vrai.

    Lire la suite de la critique sur le site o n l a l u