Tout ça pour quoi

Lionel Shriver

Belfond

  • Conseillé par
    12 janvier 2012

    Shep Knacker a vendu son entreprise et veut quitter les États-Unis pour s’installer dans une île près de l’Afrique. Son rêve de l'Outre-vie tourne court. Sa femme Gladys est atteinte d’un cancer très rare nécessitant des traitements coûteux. Le couple vit confortablement sans avoir à se soucier de problèmes d’argent. Licencié et ruiné, Shep ne bénéficie plus de l’assurance de son ancienne entreprise alors que la santé de Gladys continue à se dégrader. Comment continuer à payer les traitements ? Quel est le prix de la vie dans un pays où la sécurité sociale est inexistante ?

    Même si la maladie et l'ombre de la mort sont omniprésentes dans ce roman, ce qui aurait pu être démoralisant ne l’est pas. On peut dire que Lionel Shriver n’a pas froid aux yeux ! Dans ce livre, avec intelligence et ironie, elle dénonce tout un système. Celui des retraites, des impôts mais surtout l’absence de sécurité sociale aux Etats-Unis. Shep a remporté un peu de 700 000 dollars lors de la vente de son entreprise. Le cancer de sa femme Gladys est rare. Les médecins proposent des traitements expérimentaux non couverts. Bien entendu, Shep et Gladys acceptent. Cela va de soi. Entre les études de son fils, les factures de son père, le loyer de sa fille, Shep a toujours tout payé. Jackson, son meilleur ami et voisin de Shep, dont la fille est atteinte d’une maladie dégénérative mortelle dénonce depuis toujours le système de soins. Shep jusqu’ici acceptait tout et une année de soins l’a ruiné. Mais quand le cancer s’annonce de toute façon sans espoir, quel est le prix à payer pour prolonger de trois mois une vie ? Où commence l’acharnement thérapeutique et jusqu’où peut-on aller ? A ces questions, l'auteure apporte des éléments de réponses à travers ses personnages. Avec finesse et perspicacité. Et le titre résume on ne peut mieux la situation dans laquelle se trouve Shep.
    La peur de la maladie, ses conséquences familiales, sociales, financières sont dressées dans ce roman où il n’y a aucun pathos. Des personnages on ne peut plus humains, avec leurs problèmes, leurs tracas et leurs espoirs. J’ai tourné la dernière page le cœur serré certes, mais aussi avec sérénité.

    Un roman émouvant, terriblement juste mené sans temps mort, à l’écriture subtile et vitriolée!