☘ À l'heure où la vanlife a le vent en poupe, nous vous proposons de découvrir un peuple qui a fait du nomadisme sa raison d'être depuis des siècles : les travellers. Un nom évocateur, n'est-ce pas ? Il s'agit des nomades d'Irlande, dont l'origine se perd dans diverses légendes et rumeurs. Pour vous plonger dans leur quotidien, lisez le magnifique roman de Jeannine Cummins, "Le Garçon du dehors". De cette autrice américaine, le public français connaît déjà "American Dirt", roman terrible d'une fuite du Mexique.
☘ "Le Garçon du dehors", plus doux, aux accents plus joyeux, mais tout aussi profond, avait été écrit dix ans auparavant. Il donne la voix à Christy, jeune garçon au début des années 1960, qui sillonne les routes à bord de la roulotte de son père. Travaux de ferblanterie, soins équestres et menus larcins rythment une existence paisible, quoique marquée par les discriminations. Mais Christy, du haut de ses onze ans, est tiraillé entre la fierté d'appartenir aux "pavees" et son attirance (inavouable) pour les maisons. D'autant qu'il ignore tout de son histoire maternelle, sur laquelle il fantasme au gré de son imagination débordante... Voilà comment ce magnifique hommage à la vie nomade se double d'une invitation à connaître ses origines, pour mieux savoir quelle route emprunter.

🐥 Les petits poussins jaunes qui annoncent nos coups de cœur jeunesse s'accordent à merveille avec ces adorables Ébouriffés. Eux, ce sont des cirés, qui les rendent jaunes ! Forcément, la sombre mais paisible forêt où ils s'aventurent est humide, plus qu'humide. D'où les cirés. Flaques, gouttes de pluie et jeux de nuages sont au rendez-vous, pour une balade pleine de surprises... et de poésie. Les textes forment presque des haïkus et les sourires de nos Ébouriffés font un bien fou. Un bonheur à partager en famille, par tous les temps !

💫 Deux jeunes filles, livrées à elles-mêmes depuis le départ de leur père et le lent naufrage de leur mère, se débrouillent tant bien que mal dans une ville aux dimensions écrasantes. Nous sommes en Afrique du Sud, au Cap, dans un quartier populaire où la misère n'ignore pas qu'une opulence indécente prospère tout près.
💫 En l'absence de parents dignes de confiance, la narratrice et sa sœur se lient d'amitié avec leurs voisin·e·s. Bon nombre ont quitté des pays limitrophes – Zimbabwe, Mozambique... – pour fuir conflits et violences armées. Sans filtre, leurs témoignages bouleversent les deux sœurs. Mais malgré une précarité qui touche tout le monde dans cet immeuble nommé Skyline, l'entraide et la solidarité restent de mise : quand Alice, homme travesti en femme, rentre brisée par un passage à tabac ; quand Kwaku, le réfugié ghanéen, se meurt d'avoir marché trop longtemps ; quand Mossie, la petite sœur de la narratrice, doit faire bonne figure face à l'assistante sociale venue vérifier quelles sont ses conditions de vie.
💫 Mossie, enfant mutique immensément touchante, avec sa passion obsessionnelle pour les perles, dont elle voudrait s'emplir les poches. Mossie, personnage à nul autre pareil, qui irrigue d'innocence un texte qui, sinon, serait bien sombre. Il y a aussi de la lumière et une respiration à chaque fin de chapitre, où sont décrites successivement les toiles d'un mystérieux peintre. Mystérieux, car son identité ne sera dévoilée qu'à la fin, pour nous porter en plein cœur l'estocade finale.

🐥 Qui est donc Alphonse Lapin ? On le dirait tout droit sorti d'Alice au pays des merveilles, ce fier rongeur en pull rouge et short bleu ! À bord de véhicules assortis à sa tenue (on est élégant ou on ne l'est pas), il entreprend un tour du monde haut en couleurs... et sans paroles ! Ponts de Paris, tulipes de Hollande, ghâts du Gange, neiges himalayennes, plages tropicales, musées new-yorkais... Les adultes s'amuseront à deviner où Alphonse fait escale, rien qu'en admirant les monuments croqués et les clins d’œil gastronomiques (pour leur gouverne, une liste des étapes est révélée à la fin). Et les plus jeunes vibreront au rythme endiablé des péripéties sur terre, sur mer ou dans les airs.
🐥 Si ce livre se passe de mots, c'est bien par la grâce du coup de crayon de Jean-Claude Alphen (il nous avait conquises avec "Charlotte et la migration des shorts", vous vous souvenez ?) Comme autant de croquis griffonnés sur le vif, ses dessins sont rehaussés de couleurs chatoyantes qui semblent danser sur la page. Vous vous demandez comment "lire" un livre sans texte ? Rien de plus simple ! Il suffit d'initier un dialogue avec l'enfant, qui pointera les détails qui lui plaisent, tout en racontant sa propre histoire, avec ses propres mots. Quant aux mots inconnus, il vous les demandera. Quelle joie, de faire rimer lecture avec interaction et inventivité !

Ça commence avec la gouaille et l'insouciance de Zazie dans le métro. Enfant, la narratrice fait l'école buissonnière pour accompagner son père, représentant de commerce, dans ses tournées à travers le Chili. Il s'agit de vendre à toutes les quincailleries du pays des clous, des scies et des écrous de la marque Kramp. Cet improbable duo est une manière pour le père d'attendrir ses clients, et pour la fille de partager du temps avec ce père que, sinon, elle verrait trop peu. Les situations cocasses ne manquent pas, dans ce quotidien presque aussi formateur que des heures passées à l'école. Mais l'insouciance se retrouve un jour malmenée par des événements qui dépassent l'enfant, comme la découverte, malgré elle, d'une amertume dont elle se serait bien passée...
🇨🇱 Voilà un petit livre de 130 pages qu'il faudrait quasiment lire d'une traite, pour en goûter pleinement la puissance.