👻 Saviez-vous qu'à Taïwan, c'est en août que l'on célèbre les fantômes ? À ce moment-là, la porte des Enfers se rouvre, pour laisser s'échapper les esprits des défunts qui n'ont pas encore trouvé le repos éternel.
👻 C'est justement en cette saison de moiteur et de cigales que Tienhong, septième enfant de la famille Chen, revient dans sa bourgade natale, Yongjing, après de longues et houleuses années d'absence. Fantôme ? En quelque sorte. Parce que la vie de ses parents, de son frère et de ses cinq sœurs a continué (ou pas) sans lui, chacune et chacun cherchant tant bien que mal à grappiller quelques miettes de bonheur. Du point de vue du jeune homme, ce sont les lieux de son enfance qui sont devenus fantomatiques : si le décor n'a pas véritablement changé – bambouseraie, extravagante Maison-Blanche, piscine municipale... –, sa décrépitude le bouleverse et lui renvoie de plein fouet la conscience du temps qui, irrémédiablement, a passé.
👻 Alternant les voix de tous les membres de la famille, y compris le fantôme du père, disparu de longue date, l'auteur brosse l'histoire d'une famille meurtrie par des choix pas toujours judicieux, et surtout par l'impitoyable qu'en dira-t-on. Des mariages malheureux, une affaire de biscuits japonais qui a mené à la faillite, un tremblement de terre qui a fait s'écrouler un morceau de montagne, des amours homosexuelles qui ont tourné au drame... Aucun des personnages n'a été épargné par la ruine, finalement omniprésente. Et pourtant, chose surprenante, ce roman dégage une forme de douceur. Cela tient peut-être à la tranquillité qui, presque inéluctable, émane de ces retrouvailles familiales, sous l'égide des âmes errantes. N'en disons pas davantage : lisez ce roman ! C'est, à tous points de vue, une œuvre magistrale.

🐥 Pendant plusieurs années, chaque 1er décembre, l'illustratrice Anaïs Massini réenclenchait un défi que beaucoup d'entre nous attendaient : elle peignait un oiseau par jour, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente.
🐥 De cette myriade d'oiseaux de l'Avent aux couleurs plus chatoyantes les unes que les autres, elle a eu la bonne idée de faire un livre. Mais pas seulement un livre d'illustrations ! "Aux oiseaux" est une merveille de poésie. En regard de chaque aquarelle, un texte en vers libres s'adresse à l'oiseau, parfois comme à un ami, parfois comme à une rencontre fugace, toujours comme à un être fascinant et aimé. Des textes sonores, rythmés, riches d'un vocabulaire qui fait aimer les mots autant que les oiseaux !
🐥 "La saison des pluies est là et nous vous espérons prêts. / Comme chaque année le ciel se crèvera, la foudre crépitera." Et nous, sans relâche, nous lèverons le nez au ciel pour guetter moineaux, sittelles, bergeronnettes et autres pinsons, et chanter avec eux de joyeuses chansons !

🐥 Itchi est une petite Japonaise sacrément dégourdie, ce qui ne plaît guère à ses voisins, aussi bornés que méfiants. Le jour où elle trouve un cristal à l'entrée d'une grotte, elle ne se doute pas qu'elle est sur le point de délivrer un tengu, terrible démon rouge au long nez, avide de pouvoir. Pour le contrer et sauver ses parents qui en sont prisonniers, elle va devoir s'associer avec des yôkai heureusement bienfaisants. Kagu la petite flamme et Tetsu la théière sur pattes l'embarquent alors dans un long périple semé d'embûches...
🐥 Cette BD à dévorer à partir de 8-9 ans est un pur régal : le rythme vif, l'humour bien senti, les couleurs punchy... Tout y est ! Vivement le tome 2 !

🐎 Tout commence, bien sûr, par l'amour des chevaux. Mais Sonia ne fait pas que les aimer, dans son Midwest natal. Elle va en prendre soin là où ils sont si souvent malmenés : sur les champs de courses. Un univers âpre, où la bonne santé de l'animal est primordiale pour le faire gagner, mais où gagner suppose de le pousser toujours plus loin, toujours plus fort, quitte à le laisser sur le carreau. Résolument, Sonia raconte le rythme de travail effréné, la précarité, la masculinité toxique, l'argent qui rend fou. Mais elle n'oublie pas de célébrer les amitiés qui se nouent avec les chevaux et certains de leurs propriétaires, et l'incroyable solidarité qui lui a permis de s'en sortir dans les coups durs.
🐎 Si c'est bien Sonia, plus vraie que nature, que l'on entend parler en lisant ce livre, c'est l'écrivaine Kathryn Scanlan qui l'a interrogée, pour témoigner de ce parcours et de cette verve hors normes. Au fil de très courts chapitres rédigés avec un sens aigu de l'oralité, c'est le visage d'un Midwest sans concession qui se dessine, et surtout le portrait magnifique d'une femme qui, envers et contre tout, a dédié son existence à sa passion.

🐥 Dans un paysage sauvage qui fleure bon le Grand Nord, un bel oiseau gracieux interpelle ses amis : "Nous sommes perchés sur les pages d'un grand livre !" Bélugas, cormorans, hermines et fous de Bassan sont interloqués. Un grand livre ? Que veut-il dire ?
🐥 Alors, au fil de pages qui mêlent acrylique, aquarelle et crayon de couleur, le catmarin explique : ici, à la crête de la montagne, il y a les lignes de lettres d'imprimerie, non ? Et là-bas, sur la neige fraîche, les pattes du loup n'ont-elles pas esquissé quelques points de suspension ? Chaque instant de contemplation en pleine nature nous rappelle que tout est signe et histoire, pour qui sait observer et écouter. Et quand souffle la tempête, on gomme tout, ou presque ! Car l'histoire n'est jamais finie et se renouvelle sans cesse...