Peurs sur les villes

Depuis le milieu des années 90, la question sécuritaire s'est largement développée dans les débats politiques nationaux et locaux. De multiples exemples montrent une inflation des discours "durs" sur la sécurité. Ces discours sont constructeurs de sens, dans  la mesure où ils permettent aux élus de réinvestir la scène publique en répondant à ces attentes sécuritaires et qu'en plus ils offrent l'opportunité de désigner sous l'étiquette sécuritaire les problèmes et une possible résolution. Dès lors on peut se demander si l'on assiste à l'émergence d'un nouveau "populisme punitif" c'est-à-dire d'un gouvernement local qui se fonde sur l'exploitation de l'insécurité pour se forger un soutien populaire. Il s'accompagne d'un retour nostalgique aux valeurs d'obéissance, d'autorité, en empruntant aux anglo-saxons la fameuse thématique de la "tolérance zéro". Il est nécessaire de s'interroger sur les conditions d'adoption, d'adaptation ou de rejet de cette idéologie par certains maires français, de gauche comme de droite, tentés par la construction d'une "société punitive" à la française.