No présent
EAN13
9782234073876
Éditeur
Stock
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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No présent

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No présent s’ouvre sur une gueule de bois. Nous sommes en 1990, le narrateur
vient d’obtenir son bac et régurgite les années 80, marquées par Margaret
Thatcher et Action directe, la dictature de la Bourse et l’élection de
François Mitterrand, alors que les médias commencent à résonner du fracas de
la guerre économique. Lui revient aussi en flash-back son enfance dans une HLM
de Vaulx-en-Velin, avec une mère soixante-huitarde qui reçoit à la maison
amants et militants, exige de ses enfants qu’ils justifient idéologiquement
chacun de leurs choix, et leur dit regretter de ne pas s’être fait avorter,
ignorant que le monde allait tourner si mal.
Dès lors, que faire de son existence dans ce contexte de violence et
d’héritage brouillé ? Devenir « esclave dans le tertiaire », choisir le
terrorisme ou renoncer à tout statut social et sauter dans le vide ?
Avec d’autres enfants déboussolés de la classe moyenne décidés à « ne pas
entrer dans le rang », le narrateur crée un collectif, Tabula rasa, au coeur
du quartier de la Croix-Rousse de Lyon, et squatte un atelier dans lequel
chacun s’invente un monde sans entrave ni responsabilité, censé être dédié à
la création. Mais le projet artistique se transforme en une vaste fumerie de
joints que Lionel Tran met en scène avec une lucidité glaçante. C’est une
galerie de portraits impressionnante de réalisme que dresse l’auteur,
n’épargnant aucun des travers, aucune des névroses dont souffre chacun des
protagonistes. L’écriture, nerveuse, habitée, percutante est de celle qui
laisse des traces et des images indélébiles, et recrée sous les yeux sidérés
du lecteur la noyade d’une génération qui n’a pas même conscience de la force
tragique et comique qu’elle dégage.
Dans cet environnement nihiliste, le narrateur s’oblige à écrire
quotidiennement, tente de raconter l’irracontable, approche la folie, avant de
prendre conscience, in extremis, que l’absolu qu’il cherchait n’existe pas.
Pour s’extraire de cet engrenage destructeur, il témoigne, invente une langue
de l’urgence et de la survie aux accents post-punk et nous tend le miroir
inquiétant d’un monde qui dévore ses enfants.
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