🐥 Qui est donc Alphonse Lapin ? On le dirait tout droit sorti d'Alice au pays des merveilles, ce fier rongeur en pull rouge et short bleu ! À bord de véhicules assortis à sa tenue (on est élégant ou on ne l'est pas), il entreprend un tour du monde haut en couleurs... et sans paroles ! Ponts de Paris, tulipes de Hollande, ghâts du Gange, neiges himalayennes, plages tropicales, musées new-yorkais... Les adultes s'amuseront à deviner où Alphonse fait escale, rien qu'en admirant les monuments croqués et les clins d’œil gastronomiques (pour leur gouverne, une liste des étapes est révélée à la fin). Et les plus jeunes vibreront au rythme endiablé des péripéties sur terre, sur mer ou dans les airs.
🐥 Si ce livre se passe de mots, c'est bien par la grâce du coup de crayon de Jean-Claude Alphen (il nous avait conquises avec "Charlotte et la migration des shorts", vous vous souvenez ?) Comme autant de croquis griffonnés sur le vif, ses dessins sont rehaussés de couleurs chatoyantes qui semblent danser sur la page. Vous vous demandez comment "lire" un livre sans texte ? Rien de plus simple ! Il suffit d'initier un dialogue avec l'enfant, qui pointera les détails qui lui plaisent, tout en racontant sa propre histoire, avec ses propres mots. Quant aux mots inconnus, il vous les demandera. Quelle joie, de faire rimer lecture avec interaction et inventivité !

Ça commence avec la gouaille et l'insouciance de Zazie dans le métro. Enfant, la narratrice fait l'école buissonnière pour accompagner son père, représentant de commerce, dans ses tournées à travers le Chili. Il s'agit de vendre à toutes les quincailleries du pays des clous, des scies et des écrous de la marque Kramp. Cet improbable duo est une manière pour le père d'attendrir ses clients, et pour la fille de partager du temps avec ce père que, sinon, elle verrait trop peu. Les situations cocasses ne manquent pas, dans ce quotidien presque aussi formateur que des heures passées à l'école. Mais l'insouciance se retrouve un jour malmenée par des événements qui dépassent l'enfant, comme la découverte, malgré elle, d'une amertume dont elle se serait bien passée...
🇨🇱 Voilà un petit livre de 130 pages qu'il faudrait quasiment lire d'une traite, pour en goûter pleinement la puissance.

🤰 Marre d'être la tâcheronne de vos collègues masculins ? Dites-leur que vous êtes enceinte ! Surtout si ce n'est pas vrai...
🤰 Shibata n'a rien prémédité. Mais un matin, excédée d'être de corvée de café pour la énième fois (c'est bizarre, elle est la seule femme de l'entreprise...), elle lance avec aplomb que l'odeur du café lui donne la nausée, maintenant qu'elle est enceinte. Dès lors, impossible de faire marche arrière. Ses collègues, quoique légèrement dubitatifs – "Nous pensions que vous étiez célibataire" (comme si c'était rédhibitoire...) –, s'adaptent avec plus ou moins de bonne volonté à cette nouvelle situation. Shibata doit à présent composer avec les regards et attitudes qui ont changé, presque du jour au lendemain. C'est tantôt reposant, tantôt déroutant, tantôt... carrément agaçant.
🤰 Ce simulacre de grossesse lui fait prendre conscience que ce sexisme n'est pas l'apanage du monde l'entreprise. Car ensuite, qui sera épuisée par l'éducation des enfants ?... Ce roman sous forme de journal de grossesse mêle habilement suspense de l'intrigue (jusqu'où ira le mensonge de Shibata ?) et plaidoyer pour une plus juste répartition des rôles femme/homme.

Alors si le singe fait des singeries, que font donc les autres animaux ? Des animaleries ? Oui, mais chacun la sienne, alors ! Pour le zèbre, des zèbreries ! Pour la baleine, des baleineries ! Et pour le bouc ? Des bouquins ? Peut-être, ou peut-être pas... Et quand tous les mots, euh, tout le monde aura bien ri, on se penchera sur les images, pour repartir pour un tour de rigolerie en violet-jaune-rose-vert. Rien de tel qu'un mariage printanier, entre une poule et un coq par exemple, pour mettre les cœurs en fête.

🎶 Il nous avait déjà brossé le portrait, ô combien émouvant, de sa mère, femme indépendante et maman solo à une époque où ce n'était ni fréquent, ni facile à assumer. Le voilà de retour avec une nouvelle BD pour nous présenter son père ! Ce dessinateur, les Montpelliérain·e·s connaissent bien son trait de crayon énergique : c'est Alain Rémy, alias Gaston.
🎶 Quand le portrait maternel prenait une teinte mélancolique – la mère bien-aimée avait succombé des suites d'un cancer –, la présentation du père, Jean-Claude Rémy, chanteur qui eut son heure de gloire dans les années 1970, se fait plus pétulante. De ce côté-là, l'arbre généalogique révèle des ramifications complexes, pour ne pas dire fantasques ! La faute, sans doute, au caractère éminemment volage des hommes de la famille... Vous irez de surprise en surprise, du Vietnam et au Maroc, avec des incursions à Madagascar, où Jean-Claude coule des jours de vieillesse paisible.
🎶 Liant habilement histoire personnelle et événements historiques, ce "biopic" intime présente un homme ambivalent mais admiré. Et tôt ou tard, vous ne résisterez pas à la curiosité d'écouter les chansons de ce Jean-Claude Rémy méconnu, aux textes truculents comme on n'en fait plus, ou presque !