• Conseillé par (Libraire)
    20 novembre 2013

    Dans l'intimité des patrons

    Hervé Hamon sait raconter. On en s'ennuie donc pas à la lecture de cette suite d'entretiens avec des dirigeants de grandes et moins grandes entreprises. Ce qui pourrait n'être qu'un agréable divertissement prend de l'intérêt quand ils lui confient les raisons de leur investissement humain, de leur prise de pouvoir dans l'économie. Ils veulent jouer un rôle, agir et pouvoir décider, changer le monde, étendre le leadership de leur entreprise...

    Jusque vers la fin du livre, on pourrait penser qu'Hervé Hamon avalera sans broncher la couleuvre des hautes rémunérations des grands dirigeants. Heureusement, son dernier chapitre nous remet les pieds sur terre quand il évalue la prise de risque des grands dirigeants à l'aune de ceux que prennent Charles Claden, le patron du remorqueur de sauvetage L'Abeille Bourbon, Laurent Joffrin qui dirige Le Nouvel Observateur et l'amiral Laurent Mérer. Sur ce point, ils sont en bas...
    Pour le risque que prennent "ceux d'en haut", "ce n'est pas plus qu'ils demandent, c'est toujours plus".


  • Conseillé par
    3 mai 2013

    Ni vautours, ni pigeons

    Hérvé Hamon aime mener des enquêtes. Il ne le fait pas comme un flic, mais comme un journaliste curieux, ouvert et attentif à ceux qu’il rencontre. Dans « Ceux d’en haut » il part à la recherche du pouvoir et même s’il rencontre des politiques –Juppé, Rocard et quelques maires de grandes villes- il se tourne essentiellement vers les patrons. Il veut savoir quel est le moteur et ce que ressentent ceux qui emploient et licencient, entreprennent, commandent. S’en suivent  des personnalités aussi différentes que Charles Kermarec, le patron de la librairie et de la maison d’édition Dialogues à Brest ou Jean Louis Beffa qui dirige Saint Gobain. Tous ces portraits sont vivants et bien écrits. J’avoue un faible pour la rencontre de l’auteur avec quatre femmes – Colette Lewiner, Anne Méaux, Nicole Notat et Mireille Proust- qui toutes ont connu des parcours hors du commun.

    On pourrait reprocher à l’auteur de grands absents qui auraient sans doute eu des choses à dire sur le pouvoir ; on pense à Laurence Parisot qui a tout fait pour conserver la présidence du Medef ou à Henri Proglio qui aurait voulu cumuler la présidence d’EDF avec celle de Veolia et – tant qu’à faire ! – celle d’Areva. Les yeux plus gros que le ventre. Le pouvoir sans limite qui fait peur. Ceux-là, on ne les croise pas dans ce livre et c’est dommage.

    L’auteur a interrogé des patrons très libres, sympathiques et honnêtes, qui ne sont pas obsédés par l’argent (du moins le disent-ils) et qui ont même le sens de l’intérêt général et de celui de leurs salariés. Cette galerie de " Ceux d'en haut " est intéressante, mais finalement qu’apprend-on ? Que les entrepreneurs ne sont pas des salauds, forcément des salauds ? L’auteur, ouvertement de gauche, semble surpris.  Un intellectuel de gauche, comme on disait après 68,  prend acte en 2013 que diriger une entreprise n’est pas, par principe, abominable. A droite, on dira qu’il était temps et à la gauche de la gauche on criera à la trahison.  On a l’habitude. Il reste que cet ouvrage dans lequel les patrons ne sont ni vautours ni pigeons devrait trouver sa place dans le débat (très français) sur la relation entre la gauche est les entrepreneurs.

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