No présent

Lionel Tran

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    18 décembre 2012

    Début des années 1990, le narrateur abandonne rapidement la fac. Dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, il crée collectif un Tabula rasa. L’art, les idées libres pour changer le monde.

    1971 est l’année de ma naissance du narrateur, la mienne également. Je fais partie de la même génération que Lionel Tran. Quand lui a tout plaqué, je me suis cramponnée à mes études. "Les études, c’est l’avenir" phrase répétée par ceux et celles qui n’en en avaient pas fait et qui étaient cloisonnée à des boulots nécessitant pas (ou peu) de qualification particulière. Pourtant, on ressentait l’onde du chômage et le spectre des filières bouchées. A quoi aller ressembler l’avenir ? En y repensant, je ne savais pas.


    Le narrateur revient sur ces années où il croyait avoir fait le bon choix. Celui d’une révolte à sa manière avec d’autres, une rébellion contre une société, ses diktats et ses normes. Avec l’Art comme fer de lance et bouclier. Mais ses compagnons sont plus paumés que réellement intéressés par la création. Il n’empêche que tous les jours il se force à écrire. Seul but pour ne pas sombrer car ses amis peu à peu s’échouent dans les drogues ou quittent cette marginalisation. Et puis il y a un déclic. Celui de son propre regard changé. Forcément, la remise en question est amère et les désillusions nombreuses. Claquantes.
    Ce journal de ces années est entrecoupé par les souvenirs d’enfance du narrateur. Une mère baba cool confortée dans ses pensées idéologiques et imposant ses choix et ses amants à son fils. Et ces mots de sa part Je regrette. Si j'avais su que le contexte évoluerait comme ça, je me serais fait avorter. ( Oui ,en déclaration d'amour maternel c'est un genre...). Un uppercut.

    L’ensemble est un journal autobiographique où l’on se prend en pleine figure les questions de l’auteur. Mais il s'agit avant tout d'un énième récit d’un désenchantement où Lionel Tran a l’honnêteté d’écrire ses erreurs. Néanmoins, ce livre a réveillé en moi le souvenir d'années où j'avançais à tâtons en espérant de ne pas m'être trompée.
    Le personnage de sa mère m'a fait halluciner. Est-ce qu'elle qu'elle a joué un rôle dans le parcours de son fils par son mode de vie ? Vaste débat et là n'est pas la question.