Séismes
EAN13
9782889070664
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
ZOE POCHE
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Séismes

Zoé

Zoe Poche

Indisponible

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Tableau impressionniste d'où émergent un lieu (un village valaisan), et une
époque (les années soixante-dix), Séismes raconte le parcours troublant d’un
enfant vers l’âge d’homme. Médusé par le suicide de sa mère, le narrateur
égrène une suite d’arrêts sur image comme autant de petits séismes, instants
rares où la vie se livre à son maximum d’incandescence et nous laisse dans la
stupeur, la mémoire à jamais marquée. L’incipit : Quand mère s’est jetée sous
le train, il a bien fallu trouver une femme de ménage. Père était sur les
routes dès l’aube pour le travail, je l’entendais tousser longuement le tabac
de la veille, mettre rageusement ses habits, avaler en vitesse le pain et le
fromage. Puis il criait un nom d’enfant, le mien, par la cage d’escalier, pour
que l’école ne soit pas manquée. L’appel était si brusque, incontestable,
malgré le diminutif affectueux, qu’il signait d’un coup le retour à la vie
diurne. Père claquait la porte et le silence régnait dans l’appartement
jusqu’au soir. Il a bien fallu trouver une femme de ménage pour faire les
gestes de mère, mais seulement ceux qui s’adressaient aux sols, aux vitres,
aux tissus. Une femme de ménage pour les chemises de père, impeccables tous
les matins, pour les chaussettes de père qu’il ne savait pas repriser. Dans
une écriture minimale, dont le rythme est minutieusement travaillé, l’auteur
va à l’essentiel. Toutefois, la sensualité des odeurs, du toucher, les voix
qui montent de la rue, du folklore des familles, donnent une épaisseur très
singulière au texte. Extraits de la Préface de Claire Devarrieux, journaliste
littéraire à Libération: Séismes, de petits cataclysmes en fortes sensations,
par étapes qui omettent les transitions, raconte comment on devient un homme.
[…] Les pères ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Celui du narrateur
reçoit son salaire « de main à main ». Ses activités sont mystérieuses, du
moins pour un lecteur français : « En costume sombre, serviette sous le bras,
père partait pour l'Assemblée de Commune. » Est-ce juste le jour où il a battu
son fils, ou bien chaque matin ? Il y a une machine à écrire dans son bureau,
ainsi qu'un coffre où ranger l'argent en deux enveloppes qui n'ont pas l'air
épaisses. L'enfant est sensible aux expressions telles que « l'argent sale »
ou bien : « En Suisse beaucoup d'argent dormait. » […] Les figures féminines
sont de plusieurs sortes : il y a « Madame Vanier, l'impeccable paroissienne
», si belle sur ses talons très hauts, si parfumée qu'elle fait oublier son
commerce d'électroménager ; « Ma Sœur », qui n'a pas connu le passage par
l'homme et les grossesses ; « la fille au visage de cochon jeune », image
cochonne, donc ; la tante, dépositaire des récits familiaux, et puis la mère.
La mère emmène le petit faire la tournée des pauvres au moment de Noël ou de
Pâques. Il n'aime pas ça : « Mère déposait son paquet sur la table. Comme si
elle se régalait, Madame Rose enroulait sa langue pareille à un escargot
tiède. » […] Le livre a partie liée avec l'autobiographie et avec l'humour
suisse. En tout cas, pour l'humour, c'est évident. Il est question de
drapeaux, de Belge bizarre, de paquetage et de plaques d'immatriculation qu'il
faut rendre à l'Etat. Sans parler du locataire qui s'attendait à devoir
déménager d'un instant à l'autre : « Depuis des années, à chaque saison, notre
voisin mettait en œuvre l'exercice complet. Il empaquetait tout le contenu de
son appartement en deux jours. » Né en Valais en 1967, Jérôme Meizoz a « le
cul entre deux chaises à jamais »: fils de mécanicien dans le fond de la
vallée du Rhône, il aime les sommets et le silence, le latin et le grec, la
nature sauvage et les livres. Il apprend les gestes des paysans comme des
garagistes, mais passe son temps dans les livres. Aujourd’hui, il est
professeur de littérature française contemporaine et s’intéresse en
particulier au statut de l’écrivain et à sa manière de se vendre en tant que
tel, de Proust à Houllebecq, son sujet d’étude favori depuis quelques années
est Joël Dicker. Sa méthode est influencée par la sociologie de Bourdieu
auprès duquel il a étudié. Il intervient régulièrement dans les colonnes du
Monde et du Matricule des anges. Par ailleurs essayiste, il n’hésite pas à
prendre la plume dans les journaux pour vilipender l’attitude de la Suisse
avec les étrangers ou le trop de mollesse à l’égard de l’urgence climatique.
Son œuvre littéraire mêle la mémoire familiale intime et des scènes de la vie
ordinaire. Lauréat d’un Prix suisse de littérature 2018 pour Faire le garçon
(Zoé, 2017), Jérôme Meizoz a notamment publié : Morts ou vif (Zoé, « Livre de
la Fondation Schiller 2000 »), Séismes (Zoé, 2013), Temps mort, préfacé par
Annie Ernaux (2014) Haut Val des loups (Zoé, 2015). La préfacière: Claire
Devarrieux est responsable des pages livres du journal Libération.
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